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La sécurité au Svalbard face à l'Ours Polaire

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28 février 2015 par : Alexandre PATRIER

Les raisons de la cohabitation entre l’Ours Polaire et l’Homme.

 [1]

"3000 Polars Bears
2500 Humans
You are not the King"

Voici le message d’accueil à la descente de l’avion à Longyearbyen, Spitzberg, Svalbard, l’archipel où il y a la plus grande densité d’ours polaires au monde.

Un peu d’histoire s’impose :

A mi-chemin entre le Cap Nord en Norvège et le Pôle Nord se situe un archipel, le Spitzberg ou Svalbard. Il existe plusieurs noms dû à l’histoire très fournie de ces îles.

Vers la fin du XIIe siècle, les Vikings aperçoivent une terre qu’ils nomment « Svalbard » qui signifie côtes froides.

Maquette de la chasse à la baleine

400 ans plus tard, le navigateur hollandais Willem Barents découvre une île qu’il baptise « Spitsbergen » : montagnes pointues. Un peu plus tard les chasseurs de baleines, pensant qu’ils abordaient une partie du Groenland, utiliseront le même terme : « Groenland ».

Pour les Pomores, chasseurs et trappeurs du Nord de la Russie, cette terre s’appelait « Grumant ».

Pendant longtemps on utilisera les termes Spitsberg (orthographe hollandaise et scandinave) ou Spitzberg (orthographe allemande), pour désigner ces îles qui n’appartenaient à personne.

John Longyear

John M Longyear a créé la première mine de charbon en 1906 ce qui ouvre une nouvelle source financière aux explorateurs du grand nord. Russes, Polonais, Norvégiens... viennent extraire le minerai et ont laissé leurs traces dans le paysage et les coutumes. Vous devrez vous déchausser en entrant dans les bâtiments ou chez votre hôte, comme le faisaient les mineurs pour ne pas couvrir de charbon les sols des habitations...

Quand en 1925 cet archipel est placé sous la souveraineté de la Norvège, (ratification du traité du Svalbard de 1920), le gouvernement norvégien saisit sa chance et réintroduit le vieux nom viking « Svalbard », qui désignera dorénavant officiellement l’ensemble de l’archipel.

Panorama dominant Longyearbyen et son fjord

Le nom Spitzberg désigne l’île principale et le nom Svalbard l’ensemble de l’archipel.

L’archipel du Svalbard est administré par la Norvège, représentée par un gouverneur, le Sysselman, qui assure le respect de la législation et de la réglementation en vigueur sur tout le territoire et dont le siège se trouve dans la capitale, Longyearbyen.

Particularités de l’archipel :

Dans le contexte polaire arctique, quelques caractéristiques géographiques font la particularité du Svalbard :

Localisation

La haute latitude amène cet archipel au relief découpé et varié à être couvert à 60% de glaces, et que les mers soient prises 8 à 10 mois par la banquise. La proximité du Pôle Nord qui est à moins de 1 100 km a fait de ces îles une véritable plate-forme d’où partirent les expéditions polaires aériennes au début du 20e siècle. De nos jours, elles offrent un terrain unique à la recherche scientifique.

Un bras du Gulf Stream vient lécher la côte Ouest, la dégageant des glaces. Ce courant chaud rejoint le courant froid de Sibérie au niveau de l’Île aux l’Ours : ce secteur est souvent brumeux et les côtes du Spitzberg sont encombrées de troncs charriés par les grands fleuves sibériens. [2]

Evolution de la banquise ces dernières années :
https://docs.google.com/file/d/0B6R...

Au niveau géologique, est apparu un vaste plateau sous-marin en Mer de Barents, créant ainsi la zone marine la plus riche de l’Atlantique Nord. C’est pourquoi baleiniers et trappeurs vont investir le Svalbard dès le XVIIe siècle. De même, l’archipel est formé d’une part de roches gélives qui vont donner ces paysages si typés de pics, et d’autre part de strates sédimentaires riches en charbon. Des ressources importantes de charbon existent au Svalbard, et elles ont assuré l’économie, voire les convoitises locales tout au long du XXe siècle.

Au niveau biologique, l’archipel bénéficie de mers très riches donnant les plus grandes concentrations d’oiseaux et d’ours blancs de l’Atlantique Nord.

Global Seed Vault
http://www.regjeringen.no/templates...

 [3]

Le Svalbard abrite l’histoire la plus dense de toutes les régions polaires, malgré l’absence d’un peuplement autochtone. La culture norvégienne est tournée vers la nature et l’environnement. Dans une ancienne mine, et grâce au permafrost [4], le gouvernement Norvégien a créé une banque de gène végétale unique au monde regroupant plusieurs milliers d’espèces : Global Seed Vault. En cas disparition d’une espèce végétale, et grâce à cette banque il sera possible de préserver la diversité végétale.

Les plantes ont un cycle végétatif très court

Le danger de ces contrées lointaines : L’Ours Polaire

Vous l’aurez compris, l’homme est allé s’installer sur la terre des ours polaires et le plus grand prédateur du monde y a trouvé le prédateur des Pôles.

L’homme a chassé l’Ours Polaire durant des décennies, pour le prestige mais aussi pour sa fourrure. Aujourd’hui, l’Ours Polaire est protégé mais ça ne veut pas dire que l’homme l’est également…

Arrivée en milieu hostile : A noter que les ours polaires visibles à Longyearbyen ont pour point commun d’avoir attaqué l’homme...

Le regard d’un tueur à l’aéroport

Mensurations :

•Taille : de 2,10 à 3,50 m

•Hauteur au garrot : 145 à 160 cm

•Poids : de 98 à plus de 750 kg

•Poids à la naissance : 500 à 700 g

•Accouplements : avril à juin

•Nourriture : phoques, bélougas, carcasses, oiseaux, œufs, lichen, mousse et baies.

•Spécificités : son physique est adapté au froid : fourrure épaisse, couche de graisse protectrice, petites oreilles rondes, long museau. Il est également idéal pour la vie aquatique : fourrure imperméable, pattes partiellement palmées.

•Espérance de vie : 35 ans

Trappeurs

Avant de partir à Longyearbyen, nous avons rejoint Damien, un ami vivant à Tromsø, dans le nord de la Norvège. Les principales lignes d’avions pour Longyearbyen partent de Tromsø ou d’Oslo. Pour nous mettre dans le contexte, il nous propose de lire, avant de partir, un livre relatant plusieurs histoires d’attaques d’ours. Certaines donnent à rigoler mais nous comprenons vite les dangers de se déplacer seul et sans arme à feu de gros calibre pour nos déplacements hors de la ville.

Voici un résumé de l’une d’elle pour que vous jugiez par vous-même :

L’expédition avait repéré depuis un bon moment l’ours dans les parages, mais ils continuaient d’avancer. Après un bon moment l’ours les attaque, tout le monde s’enfuit et regarde l’ours se régaler avec près de 9 kilos de plats lyophilisés. Ce qui a beaucoup fait rire les membres de l’équipe car 9 kilos de lyophilisés ça donne soif… les membres de l’expédition ont attaqué à leurs tours afin de récupérer leurs biens et continuer.

Quelques jours plus tard, alors qu’ils étaient en train de manger dans la tente cantine, ils entendaient gratter à l’extérieur. Un membre est sorti et a pu voir le même ours. Il est revenu à l’intérieur et ont fait énormément de bruit pour le faire fuir à nouveau, ce qui a fonctionné à nouveau. Mais le surlendemain, le revoilà, sauf que cette fois l’ours s’est approché et a montré clairement ses intentions.

Ours dans le centre commercial

Il a dévasté la tente cantine alors que tout le monde était à l’intérieur. Les membres de l’expédition se sont enfui de la tente, se refusant à tirer. L’ours a couru après une membre de l’expédition et l’a saisi par les fesses la soulevant du sol. Son mari s’est précipité avec un ski et l’a fracassé contre la tête de l’ours ce qui a projeté sa femme à terre.

Là, fort heureusement pour eux, un des membre saisit son arme et tira deux balles sur l’ours, ce qui le tua. La femme a à peine eu la culotte trouée par les crocs. Les membres du gouvernement expliqueront que l’ours n’avait pas eu, par chance, dans la gueule le goût du sang grâce à la doudoune trop épaisse de son pantalon. Ils expliquèrent aussi qu’ils auraient dû abattre l’ours dès la première attaque alors qu’ils étaient tous occupés à rigoler face à l’animal assoiffé car il s’était déjà approché beaucoup trop près d’eux.

Patte d’ours polaire

Notre approche :

Cela faisait deux mois que nous étions en Norvège quand nous sommes allés au Svalbard entre autres pour « voir des ours blancs ». Nous pensions aller au camping qui est situé à côté de l’aéroport, à 4 kilomètres de Longyearbyen et qui est ouvert durant l’été. Hors, nous sommes arrivés une dizaine de jours après sa fermeture, ce qui voulait dire pas d’eau chaude, mais surtout pas de sécurité face à l’ours, puisque nous serions seuls et non armés. Nous nous sommes orientés vers une auberge de jeunesse dans le nouveau quartier.

Nous avons pu voir les différentes activités proposés à cette période, chiens de traineau, randonnées, kayak, croisières… toutes sans exception encadrées par au moins un guide armé. Désirant partir en randonnée, mais n’ayant pas forcément les moyens financiers de prendre un guide pour nous protéger, nous avons voulu louer une arme à Longyearbyen. C’est possible mais sous certaines réserves que nous apprendrons un peu tard.

Ici vous etes loin de tout, sauf des Ours Polaires

Vous devrez disposer d’un extrait de casier judiciaire ou d’un permis de chasser ou un permis de tir. Ceci parait logique avec le recul mais après plus de deux mois de voyage, les formalités administratives nous paraissent être une langue étrangère. N’ayant pas de permis de chasser, ni d’extrait de casier judiciaire, nous n’avons pu louer qu’un simple pistolet de détresse.

Le loueur, fort agréablement, nous a prévenu qu’en cas d’attaque d’ours si on lui tire dessus, il ne sentira rien et continuera son attaque de plus belle car il se sentira en danger. Si nous tirons en l’air pendant sa charge, il s’arrêtera, regardera la fusée en pensant « oh ! la belle rouge… » rebaissera la tête dans notre direction, la penchera à gauche et continuera son attaque pour nous croquer… Il n’y a pas de doute, nous ne sommes pas les rois sur cet île.
Nous nous sommes résignés, et avons loué le pistolet en se disant qu’au moins, on retrouverait nos corps...

Lors de l’attaque, L’ours polaire utilise toute sa taille et sa puissance pour capturer et tuer ses proies

Conduite à tenir

Au musée de Longyearbyen, comme au gouvernement, nous apprenons quelques consignes à respecter en cas de rencontre avec l’Ours Polaire et ses mœurs.

•L’Ours Blanc n’a pas de territoire. Il se déplace sur la banquise en quête de nourriture et qu’il peut tenir 8 mois sans manger. Ce qui veut dire que si vous croisez un ours polaire il y a une chance pour qu’il vous voit comme un gros dindon avec votre doudoune.

•Les jeunes ours mâles de deux ans sont les plus dangereux. La mère garde ses petits durant deux ans, les mâles sont plus téméraires et n’hésitent pas à s’approcher de la ville.

•Les ours polaires sentent leur nourriture à presque 30 kilomètres.

•Ils sont rusés. Par exemple pour la chasse aux phoques, une tradition veut que l’ours à la chasse camoufle sa truffe noire, visible de loin, avec sa patte ou derrière un morceau de glace qu’il pousse devant lui pour ne pas se faire voir.

•Nous apprenons aussi qu’avant d’attaquer il se met en boule la tête proche du sol.

•Il a déjà pu rencontrer l’homme et son fusil et ainsi préfère garder de la distance, sauf s’il a vraiment faim.

•Le Sysselman explique qu’après une présence de 10min, l’ours est à considérer comme dangereux et prêt à attaquer.

•Lors d’un campement, il faut mettre la nourriture dans une tente à 100 ou 200m de nous. L’ours choisira de la nourriture qui ne se défend pas normalement.

•Une clôture est à installer tout autour du campement et à tester. Mais il faut garder en tête que l’Ours peut les déjouer.

•Ne pas installer le campement à un endroit exposé, comme une île ou au bord d’une plage.

•Organiser un tour de garde.

•Les chiens de traineau donneront l’alerte mais ne le considèreront pas comme un danger.

•Si vous tirez, tirez pour tuer. Un Ours Polaire blessé ou se sentant en danger devient très agressif et encore plus dangereux.

L’ours polaire est un excellent nageur

Notre frayeur :

Ayant « conscience » de ces risques, nous sommes partis en randonnée au fond de la vallée de Longyearbyen pour rejoindre le plateau de Plataberget, plateau dominant la ville.

Pour rejoindre le fond de la vallée, nous sommes passés devant une mine abandonnée, remplie de neige et lugubre... Sur la droite peu après remonte une combe, très encaissée et pas accueillante. Après quelques mètres d’ascension, nous sommes tombés sur les restes des pattes d’un renne polaire. Afin de tester Claire, je lui lance : T’as vu ? il y a eu un carnage ici... mais un peu plus haut on se retrouve fasse à une langue de neige toute rouge « mince ! y a vraiment eu un carnage ».

Voyant Claire toujours devant, presque en train de courir je ne cessais de regarder à droite et à gauche au-dessus de nous, la main toujours dans la poche, prêt à me servir du pistolet de détresse. J’ai demandé à plusieurs reprises, à Claire de ralentir le pas. On n’est jamais trop pressé pour aller nourrir une bête, surtout quand le repas peut être notre chair...

Panorama sur le Plataberget, nous perdons tout notion de taille et de distance

Une fois en haut de ce goulet, nous nous sommes retrouvés sur un immense plateau, dépourvu de relief. Impossible de prendre des repères et de dimensionner quoi que ce soit. Aucune végétation, aucun rocher, seul un gigantesque plateau, et il nous semblait que cette combe nous avait conduit en son centre, ou presque. Nous avons perdu tout repère dans ce désert.

Un renne ou un Ours ? La réponse est plus facile à trouver assis devant son ordinateur et au chaud, loin d’un milieu hostile de par son climat et sa faune

Tout en admiration de ce paysage lunaire, nous décidons de nous rapprocher du bord du plateau afin de dominer la vallée de Longyearbyen. Après quelques pas seulement, nous avons aperçu une bête, blanche... Après être passés devant la patte de renne, la tache de sang, il était logique de « trouver » et de tomber le chasseur. Nous nous sommes donnés les dernières consignes en cas de charge de l’animal : courir le plus vite possible et sauter dans le ravin, et même si nous nous cassions un bras ou une jambe, nous serions vivants et entiers...

Tout en s’éloignant de l’animal, nous observions du marron dans sa robe ! Ouf ça n’est pas un ours ! Et fort heureusement d’ailleurs car celui-ci s’est ensuite dirigé droit vers nous, jusqu’à se trouver à quelques mètres de nous.

Le renne polaire sujet de nos frayeurs

Nous avions eu peur d’un renne polaire de la taille d’un chèvre... Moralité : Toujours avoir une paire de jumelle dans son sac !

Pour conclure, rappelez vous que vous n’avez pas à faire au nounours de vos 5 ans, celui-ci mort. Le Svalbard a fait la une, et a été connu du grand public en particulier suite à une attaque d’ours polaire sur un homme, un français. Ce dernier avait trouvé une similitude entre sa peluche et l’animal et a voulu s’en approcher de trop près... L’ours blanc l’a dévoré...

Comme toujours, en tout lieu, dans toute situation, il y a une conduite à tenir, des règles à respecter, elles sont là pour nous guider et nous éviter de gros problèmes, blancs en l’occurrence. Il sera important de bien les prendre en compte lors d’une future expédition au Svalbard pour aller rencontrer l’Ours Polaire...

Il ne s’agit pas de la peluche de votre enfance...

Toujours motivé par un câlin ?

En savoir plus sur l’Ours Polaire :

http://www.svalbard.fr/faune-mammif...

http://www.sysselmannen.no/en/Visit...

http://www.visitnorway.com/upload/P...

http://www.visitnorway.com/upload/P...

http://pbsg.npolar.no/en/index.html

http://www.ourspolaire.org/l-ours-p...

En savoir plus sur le Svalbard :

http://www.svalbardmuseum.no/eframs...

https://docs.google.com/file/d/0B6R...

http://www.visitnorway.com/fr/Ou-al...

http://www.visitnorway.com/fr/Ou-al...

http://www.npolar.no/en/

La géologie :

https://docs.google.com/file/d/0BzG...

L’université du Svalbard :

http://www.unis.no/

Panorama de Longyearbyen à 360° :

http://longyearbyen.livecam360.com/...

Sans oublier la météo :

http://www.yr.no/place/Norway/Svalb...

Notes:

[2Fin septembre, durant la période de transition entre le jour et la nuit, nous avons eu une amplitude de 5°C sur une semaine entre le jour et la nuit. Toutefois les températures durant les mois de février et mars, qui sont les plus froids, pouvant descendre à -40°C.

[4sol qui ne dégèle jamais passé 2mètres de profondeur

Photos / Vidéos

N’oubliez pas que vos armes sont indispensables pour sortir de la ville mais qu’à la banque elles sont interdites

en été, 50km de « route », l’hiver des pistes à l’infini. Le plus important est de partir à plusieurs en cas de panne...

Longyearbyen

Claire dans la peau d’un mineur à l’Artic Museum

Vestige des convoyeurs et de l’échangeur pour l’extraction du charbon

Convoyeur de charbon

La neige arrive

Le fjord, le delta, la réserve d’eau potable de Longyearbyen et la capitale du Svalbard

Les restes d’une patte de renne polaire...

Vestige d’une mine dominant la ville

Fond de la vallée de Longyearbyen

Panorama dominant Longyearbyen et son fjord

Eclaircis sur les massifs

Derniers rayons de soleil de l’année 2010 avant la période d’obscurité

Restes d’un renne polaire

L’échangeur de nuit

Renard polaire prêt à se camoufler pour l’hiver, il a un temps d’avance...

Le ranard garde toujours un oeil sur vous

Magnifique voilier Russe au port de Longyearbyen

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