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Dis-moi comment tu accélères et je te conterai ta vie... - Sylvie VANDENABEELE

Mots clés : Biotélémétrie, Enregistreur, Accélération, Énergétique, Conservation. Voir descriptif détaillé

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Introduction

Par Sylvie VANDENABEELE, Doctorante en biologie, Institute of Environmental Sustainability, Université de Swansea, Grande Bretagne

Le Journal de Bord

THÈME 2 - « Le suivi animal : outils, techniques, méthodes »

Résumé

Face à l’actuel déclin des populations animales et végétales, peu de solutions s’offrent à nous. En apprendre davantage sur les espèces, leur distribution, leurs modes de vie, leur milieu naturel ainsi que les menaces auxquelles elles font face apparaît comme l’un des meilleurs moyens pour les protéger efficacement et peut être ainsi parvenir à enrayer la tendance. En ce qui concerne les populations animales, les appareils de suivi à distance se sont déjà montrés être de véritables atouts permettant, par transmission (ondes radio ou satellite) ou par enregistrement des données, de récolter des informations essentielles sur la vie des animaux (Cooke et al. 2004 ; Ropert-Coudert and Wilson 2005). Par la suite, de telles informations peuvent être utilisées dans la mise en place de mesures de protection et de gestion plus adaptées et efficaces (e.g. Cooke 2008).
Il a récemment été développé un ingénieux dispositif capable de mesurer avec un niveau de précision étonnant les moindres faits et gestes d’un animal, d’où son nom de « daily diary ». Cet appareil équipé d’une dizaine de capteurs permet de détecter et d’enregistrer les mouvements de l’animal en trois dimensions ainsi que différents paramètres environnementaux comme la température, la pression ou encore la lumière (Shepard et al. 2008a ; Wilson et al. 2008). L’atout majeur de cet appareil réside cependant dans sa capacité à déterminer non seulement les déplacements et le comportement de l’animal mais également à estimer sa dépense énergétique à partir de son accélération (Shepard et al. 2008b ; Halsey et al. 2009). Or, il est évident que pour pouvoir préserver au mieux une espèce, il est tout aussi important de savoir où elle se trouve et ce qu’elle fait que de connaître son état physiologique, potentiel reflet de son « état de santé ».

Jusqu’à maintenant le « daily diary » a principalement été déployé sur des animaux marins (manchots, tortues, requins…). La prochaine étape est désormais d’étendre l’utilisation de cet appareil aux espèces terrestres. Le « daily diary » pourrait s’avérer être un allié précieux dans le domaine de la conservation animale particulièrement si l’objectif de son créateur, qui est de mettre cet outil à la disposition et à la portée de tout un chacun, se voit être atteint.

Présentation orale

Diaporama


Le « Daily Diary » (DD) fait parti de cette nouvelle génération d’appareils de suivi à distance développés dans le but de pouvoir en apprendre davantage sur les animaux évoluant dans leur milieu naturel. Cet appareil conçu pour enregistrer l’accélération triaxiale de l’animal simultanément avec diverses paramètres environnementaux comme la température, la profondeur ou encore la quantité de lumière, permet de retracer de façon détaillée les moindres « faits et gestes » des animaux où qu’ils se trouvent. Basé sur le principe que le comportement est manifesté par les mouvements et que les mouvements sont eux-mêmes à l’origine d’une grande partie de la dépense énergétique, l’idée était d’essayer de prédire comportement(s) et état énergétique d’un animal simplement en enregistrant son accélération. Incroyable idée qui a déjà pu être testée et validée avec succès sur de nombreuses espèces animales ainsi que chez l’être humain.

Parmi les espèces qui ont pu déjà être équipées du DD figurent notamment des espèces considérées comme menacées (IUCN) et qui ont pu grandement bénéficier des précieuses informations issues de l’utilisation de cet accéléromètre. Cela a été récemment le cas suite à une étude menée à l’aide du DD et de GPS sur les populations de manchots de Magellan (Spheniscus magellanicus) et de cormorans impériaux (Phalacrocorax atricpes) dans le Golfe de San Jorge en Argentine. Cette étude a effectivement mis en évidence l’existence d’un conflit spatial entre lieu d’alimentation de ces oiseaux marins et activités de pèche montrant ainsi la nécessité de redéfinir les limites de l’aire de protection marine de San Jorge nouvellement crée dans le but de protéger les nombreuses espèces présentes sur le site.

Dans un contexte de perte grandissante de biodiversité tel que nous le connaissons actuellement, le rôle d’outils tels que le DD, de part les inestimables informations qu’ils peuvent fournir, apparaît essentiel. Il est en effet difficilement envisageable de pouvoir protéger efficacement des espèces en danger lorsque l’on ne sait rien ou pas grand chose de leur vie en milieu naturel. L’utilisation du DD qui a été jusqu’à présent plutôt limitée aux espèces marines va désormais être étendue davantage aux espèces terrestres. Quelques études ont déjà pu être menées avec succès sur différentes espèces telles que blaireau, cheval ou encore guépard et pour lesquelles des données encore jamais récoltées ont pu être obtenues. Qui aurait pu imaginer un jour pouvoir découvrir comme s’il y était la vie d’un blaireau dans son terrier ou encore celle d’un manchot sous l’eau ? Cela est maintenant possible grâce au DD et autres appareils miniatures de suivi à distance.

L’une des principales contraintes liées à l’utilisation de tout appareil de suivi et à laquelle n’échappe pas le DD concerne la méthode d’attache de l’appareil. Pour les animaux terrestres, l’une des méthodes les plus couramment utilisée de nos jours consiste à équiper l’individu d’un collier auquel est attaché l’accéléromètre ainsi que, dans la plupart des cas, un système de localisation tel qu’un émetteur VHF. L’inconvénient est que de porter cet équipement d’un poids non négligeable au niveau du cou, donc loin du centre de gravité de l’animal, est plus que susceptible d’altérer son comportement et même dans certains cas d’être à l’origine de blessures. Ce problème n’est pas inhérent qu’aux espèces terrestres et a également été rencontré lors du déploiement d’appareils de suivi sur les espèces marines, d’où la réalisation d’études censées parvenir au développement de méthodes plus adéquates.

En plus de la méthode d’attache, de nombreux autres aspects liés aux méthodes actuelles de suivi à distance des animaux peuvent constituer un risque pour ceux qui en sont les cibles, en commençant par la méthode de capture pour finir avec l’impact de l’appareil de suivi lui-même sur le porteur.
C’est pourquoi il est primordial de contribuer activement à l’évaluation des potentiels effets négatifs de ces méthodes et de participer par la suite au développement de techniques de suivi appropriées permettant d’éviter de compromettre le devenir des individus et par conséquent l’avenir des populations animales dont certaines sont déjà bien mal en point. Ce n’est que comme ça que l’on pourra tirer le meilleur de l’utilisation des appareils de suivi à distance et ce au bénéfice des espèces étudiées avec certainement en première ligne de mire les espèces menacées.

Questions et débats

TEXTE

Bibliographie

Cooke, S., Hinch, S., Wikelski, M., Andrews, R., Kuchel, L., Wolcott, T. & Butler, P. 2004. Biotelemetry : a mechanistic approach to ecology. Trends in Ecology & Evolution, 19 : 334-343.

Cooke, S. 2008. Biotelemetry and biologging in endangered species research and animal conservation : relevance to regional, national, and IUCN Red List threat assessments. Endangered Species Research, 4 : 165-185.

Halsey, L., Shepard, E., Quintana, F., Gomez Laich, A., Green, J. & Wilson, R. 2009. The relationship between oxygen consumption and body acceleration in a range of species. Comparative Biochemistry and Physiology-Part A : Molecular & Integrative Physiology, 152 : 197-202.

Ropert-Coudert, Y. & Wilson, R. 2005. Trends and perspectives in animal-attached remote sensing. Frontiers in Ecology and the Environment, 3 : 437-444.

Shepard, E., Wilson, R., Quintana, F., Laich, A., Liebsch, N., Albareda, D., Halsey, L., Gleiss, A., Morgan, D. & Myers, A. 2008a. Identification of animal movement patterns using tri-axial accelerometry. Endangered Species Research, 10 : 47–60.

Shepard, E., Wilson, R., Halsey, L., Quintana, F., Laich, A., Gleiss, A., Liebsch, N., Myers, A. & Norman, B. 2008b. Derivation of body motion via appropriate smoothing of acceleration data. Aquatic Biology, 4 : 235-241.

Wilson, R., Shepard, E. & Liebsch, N. 2008. Prying into the intimate details of animal lives : use of a daily diary on animals. Endangered Species Research, 4 : 123-137.

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