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Le parc zoologique, une ressource pédagogique précieuse à ne pas négliger

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28 février 2015 par : Evane Carrier

Rencontre avec l’animal de zoo

Tour à tour, exotique, scientifique, ou divertissante, la rencontre avec l’animal de zoo se veut aujourd’hui éminemment pédagogique et réflexive.

Le zoo de Vincennes lors de l’exposition coloniale de Paris, en 1931

Cette évolution tient au fait qu’après l’époque des premières ménageries, le maintien d’espèces sauvages en captivité a dû être justifié. Depuis 1980, les parcs zoologiques sont astreints à de nouveaux devoirs qui constituent la seule caution morale pour le maintien d’espèces sauvages en captivité. La conservation des espèces menacées, l’amélioration et le maintien du bien-être des animaux captifs ainsi que la transmission de connaissances envers le public grâce à la pédagogie, sont les trois nouveaux piliers auxquels les parcs doivent se rattacher, en plus de leur fonction récréative. Aujourd’hui, l’animal se retrouve donc au service de la diffusion d’informations scientifiques. Mieux encore, sa rencontre doit être pour le public, un terreau propice à l’émergence de prises de conscience et de réflexions écologiques (Joulian & Abegg 2010).

L’animal pédagogique ou l’animal tel qu’il est utilisé aujourd’hui dans les parcs zoologiques

De nombreux parcs agrémentent donc le discours sur l’animal d’une dimension interactive, attractive pour le public, grâce à la mise en place d’animations ou de

Un rendez-vous animalier au bassin des hippopotames au parc zoologique African Safari

spectacles sur l’animal.
L’essence même de l’animation réside dans le fait que son action « s’exerce sur des individus qui acceptent de la subir sans y être contraints. » (Toraille 1977). En d’autres termes, l’animation est une invitation à s’instruire (Falk 2001). Ces démonstrations, combinées à un discours informatif sur l’espèce observée, apparaissent donc comme de formidables outils pour allier les rôles éducatifs et ludiques des parcs zoologiques (Heinrich & Birney 1992 ; Swanagan 1993, 2000 ; Yerke & Burns 1991). Une rencontre interactive entre le public, l’animal et les professionnels du zoo, facilite grandement l’acquisition et la restitution des informations chez les visiteurs (Lindemann- Matthies & Kamer 2005).
Les animations permettent donc de capter efficacement l’attention et engagent les visiteurs, de la manière dont le zoo le poursuit. Cet outil apparaît plus pertinent que le très conventionnel panneau pédagogique, dont les informations apparaissent souvent trop denses et inaptes à capter efficacement l’intérêt du visiteur (Lindemann-Matthies & Kamer 2005). Ces dispositifs et procédés pédagogiques peuvent apparaître très artificiels voire choquer les scientifiques et naturalistes qui ont l’habitude d’observer l’animal se comporter par lui-même, sans intervention de l’homme qui lui jette une friandise pour qu’il sorte de sa tanière ou qui lui lance un leurre pour qu’il le saisisse en vol. Voici une des raisons qui explique pourquoi le zoo souffre d’un manque de popularité évident auprès des personnes qui étudient l’animal évoluant dans son milieu naturel.
Néanmoins, les parcs zoologiques ont pourtant toutes les cartes en main pour devenir les lieux privilégiés de la pédagogie et de la sensibilisation envers la protection de la biodiversité, sans même qu’ils aient recours à des stratégies éducatives artificielles telles que le sont les goûters animaliers ou les spectacles.

L’enrichissement : une implication pour le bien-être animal mais aussi pour la pédagogie

De nombreux sens sont mis à contribution au zoo – l’odorat, l’ouïe et occasionnellement le toucher –, mais c’est la vue qui est privilégiée. Le langage du zoo est visuel : spectacle, décor, exposition (Marvin 2008). Dans une majorité de parcs, la rencontre avec l’animal est d’ailleurs exclusivement visuelle. Ainsi, ce sont les caractéristiques physiques de l’enclos et les comportements de l’animal qui constituent le principal support de la rencontre. Altman écrit que ce sont les caractéristiques de l’animal évoluant dans son enclos, qui influencent le plus les perceptions des visiteurs (Altman 1998). Mais, malgré les efforts déployés dans la majorité des parcs, la captivité reste (et restera) inexorablement associée à un appauvrissement des conditions de vie. Le manque de stimulations, le stress et tout autre facteur externe, sont susceptibles de perturber l’évolution de l’animal. Les contraintes peuvent inhiber l’expression de certains comportements, voire si elles sont trop importantes, déclencher l’apparition de comportements aberrants. Néanmoins, si les animations et autres spectacles permettent au public d’en apprendre davantage sur les individus présentés, ces dispositifs pédagogiques n’ont aucun effet sur la stéréotypie de l’animal.
Or, la bonne santé physique et psychologique de l’animal captif fait partie des quatre grands fondements auxquels les zoos sont rattachés. Les structures doivent donc garantir le bien-être de leurs pensionnaires, pour des positionnements éthiques et moraux évidents, mais aussi à des fins éducatives. Ce but semble atteint, en partie, grâce à l’aménagement des conditions de vie (Little & Sommer 2002). L’enrichissement environnemental est défini par Shepherdson comme un processus qui cherche à améliorer la qualité de vie de l’animal captif, par l’apport de stimulations nécessaires à l’optimisation de son bien-être physique et psychologique (Shepherdson 1998). La visée première de l’enrichissement est de permettre à l’animal d’exprimer un maximum de comportements issus du répertoire comportemental de son espèce. S’il s’avère effectif, ce processus garantit donc une présentation « naturaliste » de l’animal au public. Ainsi, selon, Hosey (2004) des enclos naturalistes, adaptés, de consort avec un enrichissement environnemental fonctionnel peuvent jouer une part importante dans ce que veulent les visiteurs : voir des animaux actifs avec des comportements naturels dans des conditions d’hébergement appropriées.
En plus d’améliorer le bien-être de l’espèce, l’enrichissement peut aussi avoir un impact éducatif en offrant au public une rencontre plus authentique de l’animal. C’est ce que confirment par ailleurs, des études réalisées en captivité et démontrant un impact significatif de l’enrichissement sur l’acquisition de connaissances de visiteurs ayant observés une espèce dont l’enclos est enrichi.

Réflexion et perspectives pour les parcs zoologiques

Il est important de considérer que les parcs zoologiques sont des lieux de choix pour les sorties de toutes sortes, dominicales, ludiques, familiales, éducatives, etc. Chaque année les zoos accueillent 600 millions de visiteurs chaque année, soit 10% de la population mondiale (Young 2008). Sont comprises dans ces chiffres, les sorties scolaires avec des élèves de tous niveaux s’échelonnant de la maternelle au lycée. Les zoos sont alors les sites grandioses d’ateliers découverte sur la faune, sur la vie des espèces, leurs mœurs, ainsi que l’ensemble des menaces qui pèsent sur elles. Avec une valorisation et un recours plus systématique à l’enrichissement environnemental, le zoo pourrait aussi devenir, plus souvent, le théâtre de recherches scientifiques grâce à l’observation et la quantification de comportements conformes à l’éthogramme de l’espèce.
Puisqu’ils doivent exister, autant s’en servir de manière utile, au service des espèces qu’ils tentent de protéger et pour que les individus sauvages continuent d’évoluer librement dans leur milieu naturel.
Sous l’impulsion de partenariats avec des associations qui militent pour la protection des espèces sauvages et l’éducation à la biodiversité, les parcs zoologiques peuvent devenir de réels ambassadeurs de la pédagogie envers la protection de la biodiversité.

Bibliographie

Altman,J.D.1998.Animalactivityandvisitorlearningatthezoo.Anthrozoos,11(1),12-21.

Falk, J. H. 2001. Free-choice science learning : Framing the discussion. In : J. H. Falk (Ed.), Free-choice science education : How we learn science outside of school (pp. 3–20). New York : Teachers College Press.

Heinrich, C. J., & Birney, B. A. 1992. Effects of live animal demonstrations on zoo visitors’ retention of information. Anthrozoos, 5(2), 113-121.

Hosey, G. R. 2005. How does the zoo environment affect the behaviour of captive primates ?. Applied Animal Behaviour Science, 90(2), 107-129.

Joulian, F., & Abegg, C. 2008. Zoos et cause animale. Perspectives éthologique et anthropologique. Techniques & Culture. Revue semestrielle d’anthropologie des techniques, (50), 120-143.

Lindemann‐Matthies, P., & Kamer, T. 2006. The influence of an interactive educational approach on visitors’ learning in a Swiss zoo. Science Education, 90(2), 296-315.

Little, K. A., & Sommer, V. 2002. Change of enclosure in langur monkeys : Implications for the evaluation of environmental enrichment. Zoo Biology, 21(6), 549-559.

Marvin, G. 2008. L’animal de Zoo. Un rôle entre sauvage et domestique. Techniques & Culture. Revue semestrielle d’anthropologie des techniques, (50), 102-119.

Shepherdson, D.J., 1988. The application and evaluation of behavioural enrichment in zoos. Primate Rep. 22, 35– 42.

Swanagan,J.S.1993.Anassessment of factors influencing zoo visitors’conservation attitudes and behavior. Unpublished master’s thesis, Georgia Institute of Technology, Atlanta, GA.

Toraille R. 1977. L’animation pédagogique. E.S.F.

Yerke, R., & Burns, A. 1991. Measuring the impact of animal shows on visitor attitudes. In American Association of Zoological Parks and Aquariums 1991 Annual Conference Pro- ceedings (pp. 532-539). San Diego, CA : American Association of Zoological Parks and Aquariums.

Young, R. J. (2008). Environmental enrichment for captive animals. Wiley.

Données non publiées
Carrier, E. (2013). Présentation de l’animal en parc zoologique : Enjeu pédagogique et implication pour le bien-être animal

Photos / Vidéos

Exemples d’enrichissements conçus pour des primates arboricoles, ici des capucins bruns

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